
Donald Trump achève son mandat dans la fureur et le carnage. La prise du Capitole, le 6 janvier, par ses partisans, qu’il avait chauffés à blanc, restera le symbole de ces quatre années qui ont ébranlé la démocratie américaine. Pour résumer ce mandat unique – au double sens du terme –, nous avons choisi de publier une sélection des chroniques hebdomadaires de notre correspondant à Washington, Gilles Paris. Elles ont paru tous les dimanches sur Lemonde.fr.
Un ton volontiers ironique
Assurer le suivi de la Maison Blanche de Trump nécessite des qualités de marathonien. Pendant ces quatre ans, Gilles Paris a tenu la distance et réussi, dans le même temps, la performance de garder son sang-froid journalistique. Evitant les indignations faciles, il a cherché à comprendre les mécanismes à l’œuvre dans cette Maison Blanche complètement tourneboulée, essayant d’aller au-delà des déluges de Tweet présidentiels. Mais il avait aussi besoin de reprendre son souffle et de trouver un autre rythme, un autre ton. Au fil des semaines, il a résumé l’hyperbole présidentielle dans des chroniques courtes, volontiers ironiques, qui ont capturé la substantifique moelle du mandat trumpien.
La relecture de ces quatre années en quelque 165 chroniques donne l’impression d’avoir vécu un temps politique accéléré, mené par un président en surchauffe permanente. La mention, dès mars 2017, de l’hommage de Trump au président Andrew Jackson (1829-1837), « premier populiste de l’histoire américaine » qui « avait été porté à la Maison Blanche par une foule déchaînée qui avait pratiquement mis à sac le bâtiment », prend une tout autre résonance depuis le 6 janvier.
Derrière l’esbroufe
Dans ces chroniques se dessine le portrait d’un président qui se prend pour un « génie très stable », incapable d’écouter d’autres voix que la sienne ou celles de ses plus vils flatteurs, et s’enferme très vite dans le déni, comme dans une protection. Mais derrière l’esbroufe, relayée complaisamment par les réseaux sociaux, apparaît, selon Gilles Paris, une stratégie claire : « La transformation du pouvoir exécutif en présidence augmentée pour le seul bénéfice de Donald Trump comme de ses affidés. »
Personne ne semblait pouvoir arrêter ce disrupteur en chef qui se croyait au-dessus des lois. Les démocrates avaient du mal à ajuster leur opposition, malgré la reprise de la Chambre des représentants, et le premier impeachment a plutôt renforcé l’image d’omnipotence du président, qu’il contemplait tous les matins dans son miroir. Quant aux républicains, s’ils ont d’abord cru pouvoir l’amadouer au contact des institutions américaines, ils se sont rapidement livrés à un concours de lâcheté et de servilité, terrorisés à l’idée d’être excommuniés par une salve de Tweet. « Le silence des poltrons » était le titre d’une des chroniques.
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