La justice finira bien par y retrouver ses petits. Mais les premières déclarations des mis en examen pour la tentative d’assassinat, le 24 juillet, d’une femme de 54 ans habitant à Créteil par deux hommes travaillant pour la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) défient l’imagination. Les auditions déjà réalisées indiquent que ce projet d’élimination serait lié à l’aide qu’elle apportait aux services secrets israéliens, le Mossad. Les suspects ne nient rien de ce projet criminel et affirment avoir agi pour le compte de la DGSE.
La lecture du dossier judiciaire, auquel Le Monde a eu accès, laisse néanmoins perplexe tant les détails fournis par les principaux acteurs relèvent d’un mauvais roman d’espionnage dont il ne pourrait rester, finalement, qu’une médiocre histoire d’argent.
Vendredi 4 septembre, une sixième personne a été mise en examen dans ce dossier pour, notamment, « complicité de tentative de meurtre en bande organisée ». Placée sous contrôle judiciaire, elle travaillait comme les deux principaux suspects, Pierre B. et Carl E., âgés de 28 et 25 ans, pour la DGSE comme garde de sécurité sur le site du service action des services secrets français à Cercottes (Loiret). Poursuivis pour « tentative de meurtre en bande organisée », « vol de voiture », « détention d’arme » et « association de malfaiteurs », les deux parachutistes de formation avaient été arrêtés devant le domicile de la cible. Ils sont incarcérés.
Au petit matin du 24 juillet, alertée par un riverain soupçonneux, la sécurité publique avait surpris ces deux hommes dans un véhicule volé et grossièrement maquillé. La fouille avait permis de découvrir une arme de poing et des poignards de combat. Selon le témoignage d’une voisine, la voiture avait été garée dans la rue, la veille au soir, par deux femmes. Très vite la DGSE avait fait savoir à la justice que les éventuels crimes et délits commis par ces individus relevaient « de dérives individuelles » et « qu’en aucun cas, ils n’avaient agi sur ordre ou dans le cadre d’un exercice ordonné par l’institution ».
« Des déclarations spontanées »
Interrogés, dans un premier temps, par les enquêteurs de la police judiciaire de Créteil, Pierre B. et Carl E. ont refusé de répondre aux questions, laissant entendre qu’ils n’étaient pas autorisés à parler de leur mission. L’astuce des policiers aura pourtant raison de ce mutisme estampillé « secret-défense ». Vers 1 heure du matin, dans la nuit du 24 juillet, lors du transport des deux hommes en direction de la rue du Bastion, à Paris, siège de la brigade criminelle à qui l’affaire a été confiée, Pierre B. fait « des déclarations spontanées ».
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